Je vous envoie cette première lettre qui, je l’espère, témoignera pour vous de mon affection. Les temps sont rudes. Ici, à l’intérieur de ma tête, dans mon cerveau bouillonnant, les informations se multiplient. Je ne sais pas réellement comme traiter ce flot ininterrompu de sentiments qui me traverse. La peur, l’angoisse, l’appréhension mais aussi l’envie, la volonté ou l’ambition, autant de sentiment explorant ma boite crânienne, m’empêchant de trouver une sorte de paix intérieure. La vérité est on ne peut plus simple : j’ai besoin de vous. J’essaie d’avancer. Ma volonté est inébranlable malgré les torrents de doutes qui peuvent l’assaillir. Serais-je à la hauteur ? Je n’en sais rien. Mais je ne le serais pas sans vous. Vous savez ce qu’ils s’est passé et j’en suis blessé pour toujours. Mais j’ai le sentiment que cet événement est le point de départ d’un renouveau. Une goutte d’eau qui a fait déborder un vase de stress, de mal être et de souffrance. Cette goutte d’eau, comme toutes les gouttes d’eau est passé, ruisselant le long de notre vie et s’explosant sur le sol. Il est en notre pouvoir d’en faire disparaître les restes, sécher le passé en somme. Il n’y a pas de bonne histoire sans tragédie. Il n’y a pas de bon futur sans expérience. Et il n’y a pas de plus mauvais témoin du bon vieux temps qu’une mauvaise mémoire.
J’ai rêvé d’Écosse. De Land, de longue balade en Range Rover, le long de rivières ruisselantes. Ou toutes les gouttes d’eau de notre vie se noierait, emporter par le courant de notre ambition débordante. J’ai rêvé de pub où l’on boirait une bière avec nos nouveaux amis. J’ai rêvé de mon fils au stade, dans une ambiance britannique. J’ai rêvé de nos enfants bilingues, s’amusant dans un pays neuf, s’épanouissant dans la découverte d’une nouvelle culture. J’ai rêvé de ma fille, apprenant Shakespeare pour ses futures représentations. Enfin j’ai rêvé de nous, faisant l’amour sous la pluie, une pluie fine et continu qui nous laverait de toute cette puanteur accumulés ici.
Je nous ai vu conquérant. Je nous ai vu ambitieux mais surtout je nous ai vu rayonnant. Je vous vois dans le village. Je vous vois venir vers moi. Je vous vois aussi bien que mes sentiments torturés. Je vous vois avec le sourire, vous marchez vers moi. D’un pas décidé et conquérant. La conquête, est-ce que ce n’est pas cela, le but de notre vie désormais…
